Révolutionner la construction : Les matériaux en terre et biosourcés à l’honneur
La construction durable prend un nouvel élan avec les matériaux en terre et biosourcés. Avec environ 15 % du bâti français construit en terre crue, il est essentiel de connaître les propriétés et techniques de ces matériaux. Un événement marquant a eu lieu le 15 novembre 2017, permettant d’explorer les pratiques, défis et innovations en matière de construction écologique. Cet article plonge dans les détails des présentations réalisées lors de cette journée technique, illustrant les enjeux cruciaux pour les acteurs du secteur de la construction durable.
Les fondations de la construction en terre crue
La construction en terre crue représente une part significative du patrimoine bâti. Fabrice Rojat, du Cerema, a clairement expliqué que le procédé consiste à créer une sorte de béton d’argile, aggloméré avec de l’eau. La terre, jamais complètement sèche, maintient une cohésion stable sur le long terme. Outre le pisé, qui est fait de terre meuble compactée, il existe plusieurs autres techniques telles que la bauge, les adobes, et le torchis. Toutes ont une histoire riche en savoir-faire traditionnel, mais des défis persistent.

Les défis de l’assurabilité
En dépit de la pérennité de ces techniques éprouvées, les rapport de 2012 soulignent un manque d’arguments techniques. L’absence de méthodes normalisées et la diversité des acteurs impliqués créent un flou quant à l’assurabilité de ces bâtiments. Pour surmonter cette situation, un groupe de travail a été mis en place, conduisant à la publication d’un guide des bonnes pratiques en 2018. Ce guide vise à établir un cadre technique et à former des professionnels qualifiés.
Sinistralité et réhabilitation des bâtiments en pisé
Julie Avons-Bariot, architecte, a fait état de la sinistralité des vieux bâtiments en pisé dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, avec près de 100.000 structures concernées. La fragilité perçue de ces bâtiments a conduit à leur déconstruction, avec 2.000 disparitions annuelles. Il est crucial de diagnostiquer ces structures pour prévenir des dégradations graves, en tenant compte de l’humidité, qui est souvent la principale responsable des sinistres.
Les matériaux biosourcés : du rêve à la réalité construite
La rénovation énergétique de bâtiments avec des matériaux biosourcés prend de l’ampleur. Stéphanie Beauregard a présenté une initiative impressionnante à Ugine, où 53 logements ont été rénovés avec des matériaux biosourcés. L’utilisation de la paille pour l’isolation est prometteuse, bien que les coûts restent élevés. Les retours sur les conforts offerts par ces rénovations sont positifs, et l’expertise continue d’évoluer.

Apprendre des retours d’expérience
Sylvain Mangili a partagé des enseignements clés sur le comportement des matériaux biosourcés. Il a insisté sur la nécessité de faire attention à l’humidité. Les ouvrages en terre crue doivent être protégés des remontées capillaires et nécessitent un respect strict des temps de séchage. Par ailleurs, plusieurs documents ont été publiés pour guider les pratiques des professionnels en matière de construction durable.
Vigilance sur le vieillissement du bois
Benoît Mermet a mis l’accent sur l’importance de la gestion du bois en extérieur. Les bardages doivent être soigneusement conçus pour résister au vieillissement naturel, limitant l’exposition à l’humidité. Des recommandations précises ont été fournies pour anticiper les effets du temps sur la durabilité et l’apparence des structures.
Vers une réglementation énergétiquement performante
L’expérimentation E+C a été mise en place pour soutenir le secteur de la construction vers des bâtiments à énergie positive. Les projets pilotes examinés ont montré une intégration croissante de matériaux biosourcés. Évaluer les performances environnementales est devenu essentiel pour valider la durabilité des constructions. La collaboration de divers acteurs a facilité l’élaboration d’une méthodologie rigoureuse pour des bâtiments plus verts.

Leçons tirées des projets pilotes
Marie-Cécile Dourmap a présenté des projets exemplaires, incluant des bâtiments comme le siège de la Communauté de Communes du Val de Drôme. Ces exemples illustrent l’utilisation réussie de matériaux tels que la paille et les enduits à base de chaux. Des fiches pratiques sont mises à disposition pour guider les professionnels vers des solutions innovantes et durables.
Le soutien à l’innovation dans la construction durable
Benoît Philibert a conclu la journée en mettant en lumière les initiatives régionales pour soutenir l’économie circulaire. Le développement des matériaux à faible impact environnemental est encouragé. Des dispositifs facilitant l’utilisation de matériaux recyclés et bio-sourcés sont en cours, avec un appel manifestant d’intérêts pour des projets performants et écoresponsables.
